François Joachim ACCARIAS, condamné au bagne

François Joachim ACCARIAS n’était pas mon ancêtre. Nos arbres se rejoignent au niveau de François ACCARIAS et Rosalie MAUBERRET, mariés en 1829 à La Motte-en-Champsaur (Hautes-Alpes).

Il naît le 4 décembre 1864 au Noyer, village de 800 habitants perché à 1100 mètres d’altitude dans les Hautes-Alpes (et situé tout près de Chaudun, dont j’ai parlé précédemment, et de Pellafol, dont je parlerai prochainement). Ses parents se sont mariés dix mois plus tôt et sa mère a fêté son vingtième anniversaire la veille. Les conditions de vie sont rudes et l’époque est à l’exode rural. Il est encore un nourrisson lorsque toute sa famille (grand-père et oncles paternels compris) quitte la montagne en quête d’une vie meilleure à Avignon. Six frères et sœurs verront le jour, dont quatre décèderont très jeunes.

Le Noyer (carte postale ancienne, Cliché Perrin, éditée par V. Fournier à Gap, collection R. SECCHI)

En 1884, année de ses vingt ans, vient le moment du recensement militaire. Les archives nous apprennent qu’il sait lire et écrire et qu’il est maçon, mais son signalement n’est pas renseigné. Des « varices légères » lui valent d’être classé dans les services auxiliaires par le conseil de révision : pas de service actif pour lui, mais il reste soumis au service militaire.

C’est l’année suivante qu’il commence à avoir affaire à la Justice. En 1885 et 1886, il écope de deux condamnations par le Tribunal de Lyon, dont trois mois d’emprisonnement pour rébellion et outrage à agents. Il est libéré le 7 novembre 1886.

En 1888, l’affaire est plus grave : il est arrêté pour vols qualifiés et passe devant la Cour d’assises de l’Isère. Là, le greffier consigne (enfin) sa description physique : un mètre soixante-treize, cheveux et sourcils châtain foncé, front ordinaire, yeux gris, nez rectiligne, bouche moyenne, menton rond, barbe ronde, visage ovale, teint naturel, visage variolé. On apprend également qu’il était catholique et que, s’il était célibataire pour l’état civil, il vivait en concubinage à Lyon. A la question « Se livrait-il au libertinage et à la débauche ? », il est répondu « Oui ». Le dossier porte également la mention « En relation à Lyon avec les pires malfaiteurs ».

Le Procureur général résume ainsi les faits qui lui sont reprochés :

« Accarias avait cessé de travailler régulièrement et vivait à Lyon dans la société des repris de justice et des gens sans aveu. Il a en compagnie de deux complices participé à trois vols qualifiés accompagnés des circonstances aggravantes de fausses clefs, d’escalade, d’effractions extérieures et intérieure, commis dans des communes de l’Isère voisines de Lyon, savoir : le 27 juin aux Eparres et Châteauvilain, le 2 juillet à Toussieu.

Chaque fois, les malfaiteurs, partis de Lyon le matin, sont arrivés pendant l’après-midi dans les communes où ils étaient inconnus. Ils ont avisé une maison dont les propriétaires étaient momentanément absents, y ont pénétré, et l’ont dévalisée. Leur dernier vol a porté sur des valeurs relativement importantes ; ils se sont emparés d’une somme de plus de 200F, de montres, de bijoux et d’objets mobiliers de toutes natures.

Surpris en quelque sorte en flagrant délit, Accarias n’a voulu faire aucun aveu ; il a eu à l’audience de la Cour d’assises une attitude inconvenante. Il s’est évadé des mains de la gendarmerie pendant qu’on le transférait de Toussieu à Saint-Laurent-de-Mure ; il a ensuite été arrêté à Lyon.

Le 21 novembre 1888, François Joachim Accarias est condamné par la Cour d’assises de l’Isère à la peine de cinq ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour. De ce fait, il est exclu de l’armée.

Il commence à subir sa peine le 26 novembre. Le 10 mai 1889, il est embarqué sur le Magellan pour le bagne de l’Île Nou, en Nouvelle-Calédonie, où il reçoit le matricule n°18107. Là, il devient effilocheur : il est chargé d’effilocher des déchets de laine ou des chiffons afin de produire de la pâte à papier.

Trois ans plus tard, le 13 avril 1892 à 8h15, il meurt à l’âge de 27 ans.

Nouvelle Calédonie, Pénitencier de l’Ile Nou (carte postale ancienne, collection R. SECCHI)

Plus de 21 000 prisonniers français français ont été déportés au bagne de Nouvelle-Calédonie de 1864 à 1897.

Sources

Archives Nationales d’Outre-Mer : Dossier individuel de condamné (cote H406) et registre matricule (en ligne)

Archives Départementales de Vaucluse : Fiche matricule (en ligne)

Wikipédia : Bagne de Nouvelle-Calédonie (en ligne)

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