Une partie importante de mes recherches généalogiques concerne les porteurs du nom ACCARIAS — le nom de ma mère.
D’où vient ce nom ?
Pour bien comprendre, il faut savoir que jusqu’au Moyen Âge, les noms de famille n’existaient pas. Les gens portaient un nom individuel (l’équivalent du prénom d’aujourd’hui) ainsi qu’un surnom destiné à différencier les homonymes (Petit, Leblond…). Ces surnoms n’étaient pas choisis par l’intéressé mais par son entourage. D’abord individuels, ils sont peu à peu devenus héréditaires entre le XIème et le XIIIème siècle.
En 1539, l’ordonnance de Villers-Cotterêts promulguée par le roi François Ier rend obligatoire la tenue des registres paroissiaux pour consigner baptêmes, mariages et sépultures. A cette époque, la plupart des sujets du royaume de France ne savaient ni lire ni écrire, pas même leur nom. Les curés écrivaient donc phonétiquement les noms des habitants. De ce fait, l’orthographe retenue variait d’un curé à l’autre, d’un village à l’autre. Certaines personnes modifiaient encore délibérément leur nom, par exemple pour distinguer deux branches d’une même famille. Les orthographes des noms de familles ne se sont figées qu’en 1876, avec l’instauration du livret de famille.
Il semblerait que le nom ACCARIAS soit d’origine germanique et soit un dérivé du nom Achaire ou Achard.
Les noms d’origine germanique sont d’ailleurs fréquents dans le Beaumont (au Sud de l’Isère, d’où est originaire « ma » branche Accarias). En effet, Guillaume Ier de Provence dit Le Libérateur, après avoir reconquis ce territoire sur les Sarrasins vers 972-973, aurait remercié ses troupes d’origine germanique en leur offrant des terres dans le territoire libéré.
Pas tous cousins
Le nom ACCARIAS étant peu répandu (seulement 144 naissances en France depuis 1890 d’après Filae), j’ai très vite essayé de trouver des cousinages avec tous ceux que je trouvais sur les arbres en ligne sur Geneanet. J’ai rapidement dû me rendre à l’évidence : tous les ACCARIAS ne sont pas cousins entre eux. J’ai pu identifier plusieurs foyers bien distincts :
– La branche dont je descends trouve sa source entre le Beaumont et le Dévoluy (à la limite entre l’Isère et les Hautes-Alpes) à la suite d’une modification orthographique : les Accarier sont devenus Accarias lorsque la famille s’est installée à Pellafol (Isère) vers 1750.
– Plusieurs familles vivaient à la fin du XVIIème siècle dans le village de Glandage (Drôme). Celles-ci sont probablement liées, mais faute d’archives suffisamment anciennes il sera sans doute impossible de le prouver. Certains de ses membres, des notaires, sont plus tard venus s’installer en Isère, à Lalley puis à Mens. Le Col Accarias (sur la route entre Mens et Saint-Jean-d’Hérans), doit son nom à l’un d’entre eux.
– On trouve d’autres Accarias dans le Puy-de-Dôme, qui ne forment sans doute qu’une seule famille.
– D’autres vivaient en Haute-Vienne au XVIIIème siècle.
– D’autres, enfin, habitaient La Voulte-sur-Rhône, dans l’Ardèche, XVIIIème siècle (avec de possibles origines en Moselle et une modification de l’orthographe à l’occasion de leur changement de résidence).
Sources
Nom de famille ACCARIAS sur Filae [en ligne], [consulté le 9 février 2024]. Disponible sur : https://www.filae.com/nom-de-famille/ACCARIAS.html
MILLET, Laurent, MERGNAC, Marie-Odile et BELSER, Christophe. Les noms de famille de l’Isère. Archives et Culture, 2006. ISBN 978-2350770239.
ROUX, Gérald. Une dynastie notaire à Pellafol. In ROYER, Cyril. Sur les traces de vos ancêtres : Généalogies & histoires dans la vallée de l’Aube & dans la vallée du Drac [en ligne]. ROYER Cyril, 2005 [consulté le 9 février 2024]. Disponible sur : http://generoyer.free.fr/H-FamilleGONSOLIN.htm
Intéressante étude de patronyme
Etude très intéressante sur un patronyme que je ne connaissais pas.
J’ai également appris grâce à votre article la date d’instauration des livrets de famille. Je les croyais bien plus récent que cela.